Dans l'ancienne Bresse, il est une particularité curieuse et insolite, toujours considérée comme une énigme : ce sont les cheminées appelées "sarrasines" que l'on comptait à une certaine époque par centaines.
L'appellation cheminée sarrasine devenue courante aujourd'hui, n'est pas antérieure au XVIII eme siècle et n'était pas utilisée auparavant.
JP Desbat, architecte des Batiments de France utilise une appellation qui convient particulièrement bien : cheminée à clocher ou avec foyer chauffant au large.
Leur orgine est contreversée, mais ce qui les caractérise est un foyer au centre de la pèce avec la fumée s'échappant par le sommet du toit.
Sur la centaine de « cheminées à la mode de Bresse » qui ornaient jadis les villages de l’Ain, une trentaine seulement sont encore intactes et suscitent toujours autant d’intérêt et de curiosité.
Il ne semble toutefois pas que la question ait trouvé une réponse incontestable. D’ailleurs, l’appellation couramment employée désormais est plutôt celle de « cheminée bressane dite sarrasine
».
Aujourd’hui, la majorité des spécialistes de la question semblent s’accorder à dire que ces constructions n’ont aucun héritage des Sarrasins (malgré les idées couramment répandues). Nous savons que
vers 733-734 de notre ère, les Arabes se sont rendus maîtres de Lyon et de ses alentours. L’on retrouve dans nombre d’appellations bressanes, le terme « sarrasin », sans doute l’héritage direct de
cette occupation. Mais à cette époque l’architecture orientale ne comportait que des toits plats et des coupoles, et pas encore de minarets !
Il semblerait certain que cette appellation ne soit pas antérieure au XVIIIe (employée dans les écrits de certains érudits locaux comme le Comte ce Montrevel ou le Marquis de Secqueville). Il se
pourrait que cette tradition soit directement due à une mauvaise interprétation du mot « sarrasin », qui, en vieux français, servait à désigner très largement tout ce qui était issu d’une
civilisation différente – mais pas forcément d’Orient.
Plusieurs hypothèses s’affrontent toujours (importation d’Espagne, coïncidence architecturale, réfugiés venus d’Orient...) et il serait hasardeux pour nous d’en privilégier une plus qu’une
autre.